Friday 13 May 2011

Survol historique de Rodrigues


Survol historique de Rodrigues
 Le Mauricien
07/05/09
Entre le Xe et les XIe siècles, les îles des Mascareignes étaient régulièrement visitées par les Arabes. Pour preuve, une carte, réalisée au XIIe siècle par le géographe arabe Al Sharif El-Edrissi, représente clairement les trois îles des Mascareignes portant les noms de Dina Arobi (Ile Maurice), Dina Margabin (Réunion) et Dina Moraze (Rodrigues).
1528 : L'Ile Rodrigues est découverte et nommée par le portuguais Don Diégo Rodriguez. L'île est difficile d'accès. La barrière de récifs et les eaux peu profondes rendent difficiles la manœuvre des bateaux.
A partir de 1601, les Hollandais s'y arrêtent à pour se ravitailler en nourriture sans s'y établir.
Au 17ème siècle, des escales de vaisseaux hollandais, portugais et anglais se font dans l'île à la recherche de produits d'alimentation. L'île regorgeait de tortues qui avaient déjà disparu des autres îles des Mascareignes.
1691-1693 : l'Ile Rodrigues est habitée par un groupe de Huguenots
En 1691 François Leguat, (âgé de 52 ans) un gentilhomme de la Bourgogne et ses 6 compagnons (âgés entre 18 et 30 ans), débarquent de la frégate Hirondelle, à Grande Ile, près de Port-Mathurin. Ce sont des Huguenots, des disciples de Calvin qui fuient la persécution et cherchent une terre d'asile. Ils sont à la recherche d'une terre où ils pourront établir une colonie de fermiers protestants, libres de pratiquer leur religion. Leur voyage d'Amsterdam à Rodrigues avait duré 239 jours. Ils débarquent en décembre 1691. L'endroit où ils s'établissent, auparavant nommé l'enfoncement de François Leguat est maintenant connu comme Fond la Digue. Deux ans plus tard, accablés par la solitude, Leguat et ses compagnons quittent Rodrigues à la rame le 21 mai 1693 et arrivent à l'Isle de France, à Rivière-Noire, le 29 mai 1693. Le récit de voyage de Leguat et de ses aventures ” Voyages et aventures de François Leguat et de ses compagnons en deux îles désertes des Indes Orientales , publié en 1705, à Amsterdam a provoqué un grand intérêt pour l'ambre gris et les tortues de Rodrigues dont il avait fait mention.
Rodrigues pendant la période française
Exploitation outrancière des tortues pour ravitailler les navires de passage
1725 : Le Conseil supérieur de l'Isle Bourbon propose sous le règne de Louis XV de prendre possession de l'île Rodrigues et de l'appeler l'Isle Marianne. C'est un séjour forcé de neuf mois pour Julien Tafforet qui avait eu pour mission d'emporter 400 tortues requis pour les bateaux français.
1735 : Commencement de l'occupation permanente de Rodrigues, suite aux ordres de Mahé de La Bourdonnais, gouverneur de l'Isle de France (Maurice) et de l'île Bourbon (Réunion). Un détachement s'y installe ayant pour mission, le ramassage des tortues et leur chargement sur les bateaux de la Compagnie des Indes afin de ravitailler en viande fraîche ces deux îles et les navires de passage. Ce pillage qui se poursuit durant 60 ans a entraîné l'extinction des tortues à la fin du XVIIIe siècle.
Sieur Oriol est le premier administrateur de Rodrigues, envoyé par Mahé de La Bourdonnais pour gérer l'exportation des tortues.
1761 : L'astronome et mathématicien l'abbé Alexandre Gui Pingré est en visite dans l'île à l'occasion du transit de Vénus, il a laissé une description de l'île et de ses quelques habitants.
1761 : 9 navires vaisseaux de guerre et quatre frégates britanniques ayant réuni les forces navales venues de l'Inde et de l'Europe sont à l'ancre à Port-Mathurin en vue d'attaquer et de prendre l'Isle de France. Ils y passent environ trois mois et font momentanément prisonnier le commandant résident Puvigné.
1762 : Les habitants s'installent de façon permanente dans Rodrigues.
1767 : Rétrocession de l'Isle de France et de Rodrigues de la Compagnie des Indes au Gouvernement Royal.
A partir de 1792, quelques nouveaux colons viennent s'installer dans l'île dépeuplée de ses tortues. Parmi eux, Philibert Marragon arrive en 1794 pour développer la culture et l'élevage. C'est à cette époque qu'arrivent les ancêtres de la population actuelle de l'île : des esclaves africains furent envoyés de Maurice à Rodrigues. L'île compte au début du XIXe siècle une centaine d'habitants (22 colons et 82 esclaves). De 1794-1810, Philibert Marragon agit comme administrateur. Il s'établit à l'Orangerie où il a une belle vue sur la mer. De l'excellent poisson salé est exporté vers Maurice.
1798 : Philibert Marragon reçoit des instructions concernant l'octroi des terres : 100 arpents pour couple marié et 50 arpents pour chaque enfant à leur arrivée à Rodrigues.
Certains sites dans Rodrigues portent le nom des premiers concessionnaires qui s'y sont installés.
1802-1805 : Etienne Rochetaing, originaire de Bourbon s'établit dans les hauts de Rodrigues.
Mon-Plaisir porte le nom donné par Etienne Rochetaing à une concession de plus de 300 arpents entre Malartic, Saint-Gabriel et Mont-Lubin. On trouve de nombreuses plantes de café dans cette région.
Les Soupirs est le nom que Germain Le Gros a donné à sa propriété de 100 arpents quand il arriva à Rodrigues en 1792.
D. Raffin est venu reconnaître les lieux en 1798 et s'installe dans l'anse à qui il a donné son nom. Il a quitté Rodrigues pour toujours en 1804.
Malartic, le village qui s'est constitué près de Mont Limon porte le nom de Malartic, gouverneur général français de l'Isle de France de 1792 à 1800.
1809 : Amiral Bertie, commandant en chef de l'escadre anglaise, prend possession de Rodrigues au nom de Georges 111. C'est de Rodrigues que les troupes britanniques vont réussir à capturer l'Ile Bourbon et par la suite l'Isle de France.
Rodrigues dépendance de Maurice, devenue colonie britannique
1814 : Traité de Paris : Rodrigues, Seychelles Tromelin, l'Archipel des Chagos et l'Archipel des Cargados Carajos, dépendances de l'Isle de France, passent sous contrôle britannique.
1815 : Rodrigues, a une population de 123 personnes : 20 européens, 3 libres et 100 esclaves. L'administration coloniale britannique se désintéresse de développer l'île.
1825 : Plan terrier et topographique de Rodrigues par C.T Hoart qui passe six mois à Rodrigues.
1826-1843 : Rodrigues reste 17 ans sans administrateur local.
1839 : La libération des esclaves est décrétée 4 ans après qu'ils l'aient été à l'île Maurice. Les descendants des esclaves se déplacent vers l'intérieur de l'île et s'adonnent à l'agriculture et à l'élevage. Ce sont des petits fermiers qui gagnent difficilement leur vie. Ils plantent le maïs qui leur sert de nourriture de base et font l'élevage de volailles, de porcs et de moutons.
1843 : Présence de Sir John Marshall pour enquêter sur la société rodriguaise. La première force policière s'établit à Rodrigues
1845 : Rodrigues a 323 habitants dont 240 anciens esclaves et 83 descendants de libres (non-esclaves).
1850-1851 : Séjour du prêtre premier prêtre catholique, François Thévaux, âgé de 30 ans, dans l'île. C'est le Père Jacques Désiré Laval qui l'a envoyé en mission. Il trouve dans l'île quelque 500 personnes dont 300 d'origine malgache ou mozambicaine. Il y reste 6 mois et fait construire une modeste chapelle à Port-Mathurin et une à St-Gabriel.
1856 : A Port Mathurin, la ” capitale “, il y a 36 habitations où vivaient 280 des 648 habitants de l'île. Un premier hôpital de 6 lits est ouvert.
1857 : Première visite d'un évêque, Mgr Collier, à Rodrigues.
1861 : Ouverture du premier bureau de poste.
1866 : Ouverture de la première école à Port Mathurin : 27 élèves
Vers 1875, la population est estimée à 1,500. A Port Mathurin, vivent quelque 400 personnes
1874 : Transit de Vénus. 3 postes d'observation : Port Mathurin, Pointe-Coton et Ilôt-Hermitage.
1890 : Les premiers musulmans arrivent à Rodrigues, une petite mosquée se construit en 1907
1897 : La population est de 2 772 personnes
20ème siècle : Rodrigues sort de son isolement
1901 Le service télégraphique fonctionne à Pointe Vénus.
1905 : Port Mathurin (le Bourg) devient un village.
1907 Une chapelle et une école primaire sont ouvertes à la Ferme par le Père Pivault, spiritain.
1914 : Visite du directeur de l'Agriculture et du Conservateur des Ports, ils sont les premiers scientifiques à visiter Rodrigues depuis 1874.
1922 : Construction de l'Eglise Saint-Esprit à La Ferme.
1925 : Implantation de l'Eglise Adventiste.
1926 : Instruction post-primaire introduite à Rodrigues par les Anglicans.
1937-1947 : Le cargo Zambezia fait la navette entre Maurice et Rodrigues
1940 : Des troupes sont mises en garnison pour protéger la station du Câble contre une éventuelle attaque japonaise
1941 : Départ du premier contingent de Rodriguais vers Maurice pour leur formation comme pionniers et soldats. Ils sont présents en 1942 à la bataille d'El Alamen
1942 : Premier véhicule à moteur à Rodrigues. Premier vélo au service de la poste
1946 : Rodrigues est ravagée par le plus violent cyclone qu'elle ait connu.
1948 : Début des installations électriques pour la Résidence (maison de l'administrateur), l'hôpital et certains magasins.
1953 :Installation d'une station de la Mauritius Broadcasting Corporation.
1954: Inauguration du monument de Marie Reine de Rodrigues le 1er mai.
1954: Arrivée de la première jeep.
1955: Arrivée du navire MV Mauritius pour le commerce inter-îles. Le nombre de fonctionnaires mauriciens et d'experts visiteurs de Rodrigues s'accroit.
1960 : La ferme école de Maréchal est ouverte.
1962 : Le collège mixte Saint Louis est fondé à Port Mathurin.
1964 : Transfert des prisonniers à la nouvelle prison de Pointe-Lagueule à Baie-aux-Huitres
1967 : Les Rodriguais votent pour la 1ère fois aux élections du 7 août, élections ayant force de référendum en faveur de l'indépendance de Maurice: Guy Ollivry et Clément Roussety, jeune Rodriguais, obtiennent 96% des voix.
1967 : Installation de la radio téléphone qui permet de correspondre avec Maurice.
1969 : Le drapeau national n'a été hissé à Rodrigues que le 12 mars de cette année, soit une année après Maurice, les Rodriguais ayant mis objection à la cérémonie officielle en 1968.
1969 : Ouverture de la 1ère banque, une branche de Barclays alors que la MCB arrive en 1990.
1971 : Le Plan quadriennal de Maurice pour le Développement Social et Économique (1971-1975) prévoit des dépenses capitales de Rs. 32,5 millions pour Rodrigues qui cesse enfin d'être ignorée par les décideurs économiques de Maurice.
1971 : Electrification de l'île grâce à une aide financière de la France.
1971 : Publication du livre d'Alfred North-Coombes : ” The Island of Rodrigues “, un classique bien documenté qui met Rodrigues sur la carte du monde.
1972 : L'aéroport de Plaine-Corail accueille son premier avion commercial le 13 septembre 1972 sur une piste couverte de pelouse.
1972 : Le CEB opérationnel à Rodrigues avec deux générateurs propulsés à l'huile lourde. Seulement Port-Mathurin, Pointe Monnier et Crève-Cœur sont éclairés à l'électricité. A la fin de 1981, il n'y avait seulement que 1 205 abonnés dans tout le pays.
1976 : En novembre : enregistrement auprès de la Commission Électorale du parti politique de l'OPR - Organisation du Peuple Rodriguais - par Serge Clair qui sera pendant 20 ans député de Rodrigues.
1976 : En décembre, sous la pression de Gaëtan Duval, création du ministère de Rodrigues alloué à un élu du PMSD.
HYPERLINK “http://fr.wikipedia.org/wiki/1977″ o “1977″ 1977 : En janvier, Nicol François devient le premier occupant du portefeuille de Rodrigues.
1978 : La Fête du Travail est célébrée pour la première fois à Rodrigues.
1980 : Port Mathurin est doté d'un quai en eau profonde (12m. de long par 6 m. de profondeur), ce qui permet d'accueillir de plus gros navires. Auparavant les navires avaient à mouiller à quatre milles de la jetée.
1982 : Serge Clair ministre de Rodrigues dans le gouvernement MMM/PSM
1985 : Publication du roman Le Chercheur d'Or de Jean Marie Le Clézio
1986 Dr Alfred North-Coombes publie le livre ” Histoire des tortues de terre de Rodrigues “
1987 : Débuts de la télévision avec le relais de Pointe-Vénus, captée seulement à Port Mathurin.
1988 : Inauguration de la Maison du Miel à Citronnelle, projet d'apiculture financé par le Fonds Européen de Développement. Le miel rodriguais obtient en 1994 le deuxième prix au National Honey Show à Londres.
1989 : Le pape Jean Paul II à Rodrigues en octobre A midi, c'est de Rodrigues en fête que le pape accorde au monde sa bénédiction papale.
12 mars 1992 : le gouvernement mauricien met sur place un Conseil Exécutif à Rodrigues. Ce conseil est doté de 21 membres nommés par le Ministre de Rodrigues. La présidence est confiée à Mlle Antoinette Prudence qui s'est distingué dans les domaines social, culturel et politique. Ce conseil agit sur la base d'un statut consultatif concernant certains projets à être mis en place à Rodrigues. Cependant, arrivé au pouvoir en 1995, Navin Ramgoolam ne renouvelle plus le contrat du conseil et refuse de confier le portefeuille de Rodrigues à un élu de l'île.
1992 : Ouverture de l'hôtel Cotton Bay qui a contribué à la promotion sociale de ses employés qui ont su s'adapter au travail dans le domaine de l'hôtellerie.
1999 : Premier Festival Kreol organisé, la culture rodriguaise s'affirme et s'enrichit de nouvelles productions.
Décembre 2000, après l'installation du gouvernement MSM/MMM de Sir Aneerood Jugnauth, Premier ministre, et Paul Raymond Bérenger, Vice-premier ministre, lors d'une visite à Rodrigues en février 2001, annoncent qu'une autonomie maximale allait être accordée à Rodrigues.
20 novembre 2001, l'Assemblée Nationale vote à l'unanimité le Rodrigues Regional Assembly Act, accordant ainsi une autonomie administrative à Rodrigues
Rodrigues accède au statut de l'autonomie civile dans la gestion de ses affaires internes.
Le 12 octobre 2002, la première Assemblée Régionale de Rodrigues est mise sur pied et Jean Daniel Spéville assume le poste de Chef commissaire.
2002 : l'Église de Rodrigues, détachée du diocèse de Port-Louis, est élevée au statut de vicariat apostolique.
2002 : La piste d'atterrissage, revêtue en 1976, est rallongée à 1 250 mètres. Premier vol Port Mathurin - Réunion. L'avion dispose de 66 sièges.
2002 : l'exploitation du corail n'est plus autorisée.
Trois tableaux intéressants compilés des recensements de 1846 à 2000 permettent de mieux suivre l'histoire démographique de Rodrigues
Le premier tableau révèle l'évolution de la population au fil des décennies.
Le tableau du Recensement de 1952 est intéressant car il démontre deux spécificités de la population rodriguaise de cette période :
Le nombre supérieur de femmes par rapport au nombre d'hommes - elles le sont par plus de 1 000.
La population chinoise est deux fois plus forte que la population indo-mauricienne en cette période.
Le troisième tableau permet de comparer la population de Rodrigues et celle des autres Dépendances entre 1901 et 1962, ce qui montre que la population rodriguaise augmente de façon continue à Rodrigues alors qu'elle décroit dans les autres Dépendances.