Monday 16 May 2011

Grofi lavwa nou kiltir

Grofi Lavwa nou kiltir



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Julie Collet, l'ambassadrice du séga traditionnel Figure incontournable de la culture rodriguaise, Julie Collet, 69 ans, aura marqué l'histoire culturelle de Rodrigues par ses chansons engagées. Si la plupart se souviennent d'elle pour sa chanson “Dibwa trwa fey”, une sentence aux femmes aux moeurs légères, d'autres à l'instar de “Zenes pa oulé travay”, “Margoz amer” ou “Divin laklos” resteront des textes racontant des pages importantes de l'histoire de l'île.Julie Collet est une femme qui, malgré le fait d'être analphabète, a su trouver les mots justes pour transmettre par la voie orale l'histoire et la culture rodriguaise. Et elle aura été une ambassadrice des musiques traditionnelles de Rodrigues pour avoir conduit cette forme culturelle au-delà des rives africaines, lors de ses nombreux voyages à l'étranger. Le lancement de son unique album, récemment, a constitué un digne hommage au séga traditionnel rodriguais.
Connu de Monsieur-tout-le-monde comme “Ma tante Grofi”, Julie Collet est née à Rivière Bananes, à Rodrigues, de mère rodriguaise et de père malgache. Toute jeune encore, son père les quitte pour partir à Maurice sans jamais revenir. La mère de la petite Julie va vivre avec Joseph Catherine au lieu-dit Dans Coco, à Anse Mourouck.
La vie dans cette nouvelle famille est conditionnée par un environnement de gens de la mer vivant l'union libre et où les conflits sont réglés à coups de chansons sociales dénigrant outrageusement les rivaux. Très jeune, Julie fréquente les “bals tambour” du samedi soir où elle entend les “Maréchal” composer avec spontanéité des chansons courtes sur des airs connus. Elle s'y met aussi et, très vite, devient une dure à qui personne n'ose se frotter en raison du caractère tranchant de ses textes.
A la fin des années 60, Julie, elle-même mère, revient vivre au centre de Rodrigues où elle se retrouve très vite associée au «revivalisme» culturel amorcé par le Groupement des artistes rodriguais en 1976. Avec le groupe “L'oiseau têtu”, ses chansons prennent la forme de la chanson engagée bien que certaines restent des chansons patriotiques.
Mais le séga, sous quelque forme qu'elle soit, reste l'affaire de Julie. Aujourd'hui, Julie Collet reste une figure incontournable dans l'histoire de la musicologie rodriguaise.
Le Matinal, April 25 2006.